Ergothérapeute de formation, Claudia a effectué une mineure en kinésiologie et un certificat en anthropologie avant d’obtenir sa maîtrise en santé publique de l’ESPUM en 2016.
«Je ne regrette pas d’avoir creusé un peu plus avant de choisir la santé publique, souligne-t-elle. Cela m’a permis de confirmer mes champs d’intérêt tout en acquérant des connaissances complémentaires.»
Une passion confirmée pour la télésanté
C’est au cours de sa maîtrise que Claudia a pu constater tout le potentiel de l’utilisation des technologies de l’information et des communications pour améliorer l’accès aux soins et services de santé.
À l’époque, elle réalise un stage au sein d’une entreprise de technologies à mission sociale à New Delhi, en Inde, dans le cadre d’un projet de recherche mené par la professeure Mira Johri. Celui-ci consistait à concevoir et à implanter une plateforme de téléphonie mobile pour améliorer la couverture vaccinale dans les régions rurales.
«Même dans les régions particulièrement défavorisées, le téléphone cellulaire simple (sans Internet) est une technologie répandue, précise-t-elle. L’échange d’information par messages vocaux rend la plateforme encore plus accessible aux populations vulnérables, car elle ne requiert pas de savoir lire ou écrire. C’est par cet outil technologique que des rappels de vaccination étaient envoyés aux familles de jeunes enfants ou que de l’information sur les vaccins leur était transmise. C’était une communication bilatérale, puisque les personnes visées pouvaient à leur tour nous fournir de l’information en utilisant l’appareil.»
C’est aussi pendant ses études à l’ESPUM qu’elle commence à s’impliquer sérieusement auprès de son alma mater. En 2015, elle cofonde la Communauté étudiante de santé mondiale avec des collègues de classe afin de promouvoir le partage de connaissances et le réseautage professionnel.
«En santé mondiale, nous sommes souvent appelés à travailler dans des contextes qui ne nous sont pas familiers, explique-t-elle. Nous devons donc nous méfier des idées préconçues, être conscients de nos propres biais et toujours adopter une posture d’écoute et d’observation. Tout est à bâtir: les partenariats, les liens avec la communauté, etc. C’est une situation professionnelle intéressante qui a assurément influencé mon parcours.»
Un «bon côté» de la crise sanitaire
En tant que pilote clinique en télésanté, Claudia a vu son service recevoir de 2 à 3 requêtes par semaine à des dizaines par jour. Ce nouveau flux de demandes a amené une reconfiguration complète du service.
«La façon dont nous avions l’habitude de fonctionner avant la crise sanitaire n’était plus viable pour une telle volumétrie, mentionne-t-elle. Ainsi, notre équipe s’est agrandie, nous avons instauré un point d’entrée unique pour les demandes et mis sur pied une page intranet, en plus de fournir des documents explicatifs aux professionnels.»
Claudia a également constaté que plusieurs obstacles à la transformation numérique tendent à s’amenuiser. Le travail d’équipe autour de la question et l’engagement des secteurs touchés s’intensifient au fil du temps.
«La télésanté, c’est devenu l’affaire de tous, remarque-t-elle. Les dirigeants sont sensibles aux enjeux entourant son développement, et c’est un point crucial dans nos discussions hebdomadaires entre pilotes cliniques et technologiques, mais aussi avec d’autres directions comme les archives ou les communications.»
Un domaine en développement
La transformation numérique présente tout de même son lot d’obstacles à l’implémentation dans un système aussi complexe que celui de la santé. Claudia prend l’exemple de son équipe en télésanté qui doit tenir compte des risques et limites de la solution pour chacune des requêtes qu’elle reçoit.
Des éléments comme l’accessibilité à une connexion Internet sans fil fiable, la multiplication des plateformes non communicantes ou encore les difficultés d’adaptation de certaines conditions de la pratique professionnelle peuvent freiner une implantation technologique.
«Il ne faut pas oublier que le point central du développement technologique en télésanté est le patient, affirme-t-elle. C’est facile de se laisser charmer par le dernier “gadget”, mais on ne développe pas un outil parce qu’on a accès à la technologie! Il est donc de notre ressort d’analyser les demandes, d’avoir bien compris le besoin clinique pour proposer la bonne réponse technologique. Je travaille en étroite collaboration avec deux pilotes technologiques en télésanté.»
Claudia encourage par ailleurs les personnes qui visent une carrière dans le système de santé à penser à l’extérieur du cadre convenu et à établir une vision à long terme des soins virtuels au Québec.
«Les emplois en santé numérique sont multiples et vastes, conclut-elle. Misez sur vos passions et vos forces; là où vous vous sentez compétents, les occasions suivront.»