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Réseau de la santé : une relève qui navigue entre la pratique professionnelle et universitaire

Arrivée au Québec il y a bientôt 12 ans, Miré Saralta, originaire du Tchad, évoque ce parcours qui l’a amenée aujourd’hui à faire carrière dans le réseau de la santé, tout en étant chargée de cours à l’École de santé publique à l’Université de Montréal (ESPUM).

Ce cheminement a été rendu possible grâce à son caractère persévérant, à des rencontres providentielles, mais aussi aux compétences et aux connaissances qu’elle est allée chercher à l’Université de Montréal (UdeM), décrochant sa maîtrise en administration des services de santé et en gestion des systèmes de santé en 2016.

Titulaire initialement d’une maîtrise en audit et contrôle de gestion obtenue au Sénégal, Miré Saralta commence dans le réseau de la santé comme agente administrative au Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale. Elle a gravi les échelons pour assurer actuellement un intérim comme cheffe de service du Bureau de la mission universitaire à la Direction des programmes de santé mentale, de dépendances et d’itinérance du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. 

 « Je crois que mon parcours reste un témoignage de confiance en la providence, mentionne-t-elle, et aussi d’encouragement et de persévérance pour la communauté étudiante de l’UdeM, plus particulièrement celle ayant immigré de l’Afrique subsaharienne. Je suis pleine de gratitude envers ces bonnes personnes que j’ai rencontrées et qui m’ont encouragée, tout d’abord ma 1re gestionnaire, Lucy Barylak. » 

Car c’est Lucy Barylak, aujourd’hui retraitée du réseau de la santé, qui lui a permis de faire ses 1ers pas dans le système de santé québécois, alors que cela faisait à peine 2 semaines que Miré vivait à Montréal.

« À Dakar, j’avais travaillé dans un cabinet de notaires dans le contrôle de gestion, la qualité, les normes, raconte-t-elle, mais pas dans le domaine de la santé. Lucy m’a donné une chance et j’ai su la saisir. » 

De belles années à l’ESPUM 

C’est toujours Lucy Barylak, depuis devenue une amie chère de Miré, qui lui conseille en 2012 de reprendre ses études et qui lui permet d’aménager son horaire pour continuer à travailler durant sa maîtrise. Elle passe 4 ans sur le campus de l’UdeM. 

« J’ai eu d’excellents professeurs et professeures qui m’ont amenée à mieux comprendre le système de santé dans lequel je travaille, souligne-t-elle, mais surtout à développer un esprit critique et une approche systémique dans les mandats et projets qui me sont confiés. » 

 Elle se souvient notamment du cours d’analyse du système de santé, prodigué par le professeur André-Pierre Contandriopoulos, qui reste encore d’actualité pour sortir le réseau du statu quo. Elle a aussi apprécié les cours du regretté professeur Paul Lamarche, qui invitaient à tenir compte de la complexité du réseau pour adapter la mise en pratique des données probantes par des remises en question des pratiques actuelles.  

Elle n’oublie pas l’apport de la professeure Lise Lamothe et son encadrement lors des stages afin de s’assurer que les compétences développées tout au long de la maîtrise soient réellement mobilisées sur le terrain. C’est entre autres elle qui lui a donné l’occasion de mettre à profit son expérience professionnelle dans le réseau ainsi que son expertise en gestion de projets en devenant chargée de cours. 

« Mes différents cours de maîtrise m’ont permis de comprendre à quel point le système est complexe, indique-t-elle. Le réseau est énorme, les acteurs et actrices sont multiples, les enjeux divers. Notre rôle est de naviguer au mieux dans cette complexité afin d’offrir des soins de qualité et sécuritaires. » 

Le pont entre la vie professionnelle et universitaire 

C’est ce qu’elle enseigne elle-même à ses étudiants et étudiantes, alors qu’elle est passée de l’autre côté du miroir, en devenant chargée de cours à l’ESPUM. Ce rôle lui tient à cœur parce qu’il l’oblige à demeurer au courant des dernières pratiques et recherches. Elle reconnaît par ailleurs que sa pratique professionnelle a un effet réflexif sur son enseignement comme chargée de cours et inversement. 

« Dans l’enseignement, on cherche à élargir les connaissances des étudiants et étudiantes au travers de concepts et de la maîtrise d’outils validés ou qui ont fait leurs preuves, explique-t-elle. On s’efforce également de leur inculquer les meilleures pratiques en ayant une approche factuelle basée sur des données probantes. Cependant, on se rend compte très vite dans la vie professionnelle des défis à appliquer telles quelles les connaissances universitaires. » 

« C’est à ce moment que l’esprit critique, l’agilité et la créativité rentrent en jeu pour transposer toutes ces connaissances au contexte et aux priorités organisationnels de nos milieux, poursuit-elle. L’avantage comme chargée de cours est justement de mettre en lumière la totalité des défis ou adaptations à apporter, en partageant ma petite expérience terrain. Mais également, une fois dans mes fonctions professionnelles, de tenter le plus possible d’intégrer dans ma pratique ce que j’apprends aux étudiants et étudiantes. C’est exigeant, mais très enrichissant! » 

Dans une optique de maintien de compétences et de développement professionnel, Miré est par ailleurs allée chercher différents certificats, dont le Certified Health Executive/Leader du Collège canadien des leaders en santé, le Certified Quality Auditor de l’American Society for Quality Control et la certification PMP® en gestion de projet du Project Management Institute. 

La transformation du réseau entre les mains de la relève 

La situation pandémique liée à la COVID-19 a selon elle exacerbé les failles déjà présentes et connues du réseau de la santé, dont principalement le manque de main-d’œuvre à tous les niveaux. Elle reconnaît que le problème est complexe et les causes multifactorielles. Aussi, il faudra le résoudre sur différents fronts en parallèle.  

« La transformation du réseau sera réellement profonde et pérenne lorsqu’on s’attaquera entre autres au style de leadership que l’on veut mettre de l’avant, aux compétences que l’on souhaite développer et à la dynamique d’équipe interdisciplinaire à créer, avance-t-elle. C’est à ce point de vue que la relève dans laquelle je m’identifie doit s’inscrire pour avoir une incidence significative sur le réseau. » 

Son intérim se termine, une expérience positive qui la conforte à poursuivre une carrière de gestionnaire. « Je suis certes fière de mon parcours professionnel et persuadée que le meilleur est à venir, conclut-elle, mais je suis encore plus fière d’être devenue mère et de voir s’épanouir ma petite fille, tout en travaillant fort! »