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Portrait de diplômé : Joseph Dahine, en attendant la révolution informatique et numérique dans le réseau de la santé

Malgré le fait qu’il aurait aimé suivre une formation en intelligence artificielle ou apprendre à coder, l’intensiviste Joseph Dahine n’a pas chômé depuis la fin de ses études en médecine à l’Université McGill. Après une spécialisation en médecine de soins intensifs à l’Université de Montréal, il obtient sa maîtrise en administration des services de santé en 2019. Son objectif: améliorer l’expérience de chaque patient. Son moyen: le développement d’outils technologiques universels.

Joseph Dahine

«Pendant mes études, j’ai participé à l’International Clinical Leadership Fellowship en Écosse, se rappelle le jeune docteur. J’ai été impressionné par l’utilisation de la rétroaction afin d’obtenir toutes sortes de données. Celles-ci étaient ensuite triées et présentées de manière adéquate pour aider à la prise de décisions liées à l’amélioration de la qualité des soins de santé et à l’analyse et l’élaboration de politiques de santé. C’était mon moment eurêka!».

La bonne donnée au bon moment 

Dès son retour d’Écosse, le Dr Dahine sollicite la Direction de la qualité, de l’évaluation, de la performance et de l’éthique du CISSS de Laval afin de développer des outils technologiques ayant comme objectif d’améliorer la prise de décisions au quotidien. 

À l’automne 2018, le projet pilote DIAG est lancé en impliquant quelques services de l’urgence. Le défi est de taille: une rétroaction en temps réel de la localisation des patients, du taux d’occupation à l’urgence et des délais d’imagerie et de consultation aidera-t-elle les cliniciens à mieux gérer leur flot de travail? 

«L’hypothèse, c’est qu’en ayant les bonnes données on peut poser le bon diagnostic et prendre les bonnes décisions clinico-administratives, précise-t-il. La philosophie de DIAG, c’est de démocratiser l’accès aux données.» 

DIAG est non seulement accessible sur les postes de travail au CISSS, mais aussi par une application mobile, une avancée qui a accéléré et facilité l’implantation de cette technologie. 

«Les personnes concernées peuvent réfléchir en tout temps à l’amélioration de leur service, souligne-t-il. Nous avons travaillé sur l’architecture des données pour faire en sorte que les 30 à 40 bases de données indépendantes que nous utilisons régulièrement communiquent entre elles et jumellent les patients pour nous donner accès à un plus grand nombre de variables en temps réel.» 

Ne pas perdre de vue le patient

Il y a plusieurs obstacles au développement et à l’implantation d’outils numériques en santé. Le système de santé au grand complet fait face à une pénurie de main-d’œuvre, et ce, depuis des décennies, et la crise sanitaire donne encore moins de souffle à un réseau surmené. 

«Pour innover, il faut une certaine liberté cognitive, mentionne-t-il, ce qui est pratiquement impossible aujourd’hui étant donné le peu de temps que nous avons pour accomplir nos tâches quotidiennes.» 

Le manque de ressources humaines et financières est un frein évident, mais le Dr Dahine sait qu’il y a d’autres embûches sur le chemin: «Le leadership médical doit être ouvert et engagé. Il doit aussi y avoir une forte mobilisation des équipes sur le terrain. On peut être découragés par des chiffres qui ne vont pas dans le sens escompté ou des commentaires négatifs, mais il ne faut pas perdre de vue le patient. C’est son expérience qui compte.» 

Le Dr Dahine reconnaît sa chance de faire partie d’une organisation comme le CISSS de Laval, qui se veut apprenante et ouverte à la rétroaction proposée par DIAG. La prochaine étape de développement de l’outil est le déploiement sur le parcours complet du patient. 

«Le CISSS est vaste, et le patient doit passer par une multitude de services avant son retour à domicile ou en réadaptation, explique-t-il. Le but est que l’expérience du patient soit plus fluide en améliorant la communication avec le patient et la famille, et en diminuant la durée de séjour et le délai des listes d’attente.» 

Sur une note personnelle

Le Dr Dahine est conscient que le métier qu’il a choisi n’est pas de tout repos. Les multiples chapeaux qu’il porte, dont celui de directeur médical, d’officier de la sécurité des patients et de chargé d’enseignement clinique, il les porte avec diligence et bienveillance tout en priorisant sa santé mentale et ses proches. 

«Je suis fier d’avoir pu garder mon humanité tout au long de mon parcours, conclut-il. Je suis chanceux et privilégié d’être resté fidèle à moi-même, à mes valeurs, à mon identité, et d’avoir préservé ma famille, mes passions et mes amitiés.»