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/ École de santé publique

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Témoignage de Karine Perreault

Étudiante au doctorat en santé publique option promotion de la santé.

Je peux sembler bien loin aujourd’hui du laboratoire de recherche clinique, des sarraus et des échantillons de sang qui constituaient il y a quelques années mes outils de travail. Je ne cacherai pas que la courbe d’apprentissage des premières années du doctorat fut pour le moins abrupte. Pourtant, je travaille encore et toujours sur des enjeux qui touchent la santé des gens. J’ai simplement adopté une perspective différente, une perspective plus sociale, une perspective qui définitivement me « colle à la peau ».

Si je me souviens bien, mon premier contact avec la santé publique s’est fait par l’entremise d’un sociologue venu présenter lors d’une conférence dans un centre de recherche clinique de Montréal. Moi qui avais étudié en kinésiologie et travaillé dans une équipe de recherche clinique pendant des années, j’étais bien intriguée par sa vision — que je considérais à l’époque presqu’ésotérique — des causes de l’obésité. À ma grande surprise, de l’entendre parler de façon très articulée de « déterminants sociaux de la santé » et « d’inégalités sociales de santé » a eu un effet-choc chez moi. Tranquillement, ces thèmes-clés ont pris de l’ampleur dans notre équipe de recherche, au point où une collègue et amie s’est allié ce même sociologue comme codirecteur de doctorat. J’ai donc eu la chance d’être confrontée, dans les années qui ont suivi, à différentes perspectives sur le monde et à des questions du genre « pourquoi les gens plus pauvres sont-ils en moins bonne santé que les gens plus riches ? ». Une question élémentaire en santé publique, mais qui a tout de même donné lieu à des discussions bien animées au travail.

C’est après un séjour d’un an en Australie que j’ai décidé de faire le grand saut vers le doctorat en santé publique. Mon choix n’a rien à voir toutefois avec les plages, les vignobles ou les animaux exotiques de Down Under. C’est tout de même là-bas que j’ai fait mes recherches sur le web pour trouver mon directeur ou ma directrice de recherche. J’ai contacté les gens qui avaient des approches de recherches qui, je trouvais, me ressemblaient. Je tenais beaucoup à ce que les valeurs d’équité et de justice sociale soient au cœur de mon doctorat. Ma première rencontre Skype avec celle qui allait devenir ma future directrice de recherche se déroula très tôt pour moi, un peu avant l’aube (décalage horaire oblige), au son strident des cockatoos qui se réveillent !

Et c’est ainsi que je suis atterrie en promotion de la santé. C’est l’approche communautaire de ma directrice, Pre Louise Potvin, qui m’a d’abord accrochée. Je me disais que si je devenais chercheuse un jour, c’est ce genre de recherche que je voulais faire : engagée, centrée sur des interventions locales qui visent la réduction des inégalités, menée selon une approche intégrée d’application des connaissances (c’est-à-dire avec un potentiel d’avoir de réelles retombées « dans la vraie vie »). C’est ma directrice qui m’a présenté ma codirectrice, Pre Mylène Riva (McGill University), et qui finalement m’a permis de travailler avec des partenaires Inuit, sur des questions qui touchent le logement social, un des déterminants de la santé les plus importants dans les communautés du Nord canadien. J’ai voyagé au Nunavut trois fois jusqu’à maintenant; une expérience que je suis loin d’oublier. Et au moment même d’écrire ces quelques lignes, je suis en Nouvelle-Zélande, où je complète un stage avec une équipe reconnue pour l’impact de ses travaux sur les politiques publiques en matière de logement, et les retombées sur la santé des enfants.

Chaque personne est différente, mais pour moi, les éléments qui ont orienté mes choix et qui font en sorte que je suis bien où je suis sont définitivement les gens qui m’entourent, les valeurs promues par le la promotion de la santé à l’intérieur de la santé publique, et les multiples facettes de mon projet de recherche, qui le rendent stimulant. Pour le reste, oui les efforts sont titanesques, oui le parcours est long, mais le cœur y est et c’est bien le plus important.