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Le développement durable dans les établissements de santé

Un établissement de santé carboneutre au Québec, est-ce possible? C’est le souhait de Martin Beaumont, diplômé en administration des services de santé en 2002 et président-directeur général du CHU de Québec-Université Laval. La construction du tout nouveau complexe hospitalier, dont les travaux s’échelonneront jusqu’en 2025, pourrait bien constituer une avancée énorme vers cet ambitieux objectif.

 

Martin Beaumont, président-directeur général du CHU de Québec-Université Laval.

"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Cette célèbre phrase du chimiste français Antoine Laurent de Lavoisier illustre à merveille la vision de la santé environnementale de Martin Beaumont. Il répond à quelques questions concernant l’importance du développement durable au CHU de Québec-Université Laval.

Quelles mesures concrètes ont été mises en place par le CHU de Québec-Université Laval en ce qui concerne le développement durable?

Nous avons d’abord mandaté un directeur responsable de la question du développement durable du point de vue stratégique et une personne pour l’opérationnalisation du plan d’action. Nous avons par la suite fondé un comité de développement durable au sein de l’établissement, qui est composé de la majorité des directions du CHU et qui est l’élément central de nos actions. Ces gens contribuent à définir les priorités et à élaborer le plan d’action, et se font les porte-voix de l’ensemble des divisions à l’intérieur du CHU. 

Concrètement, nous avons des projets dans 9 domaines : l’alimentation, l’approvisionnement responsable, l’écoconstruction, l’énergie et les gaz à effet de serre, la participation et l’engagement citoyens, la gestion des matières résiduelles, la mobilité durable, la qualité de l’air et la qualité de vie au travail, bien sûr.

Notre grand projet d’écoconstruction, c’est la valorisation de la vapeur générée par l’incinérateur des déchets de la ville de Québec afin d’approvisionner le nouveau complexe hospitalier. En effet, les 5 000 tonnes de déchets que produit le CHU chaque année alimenteraient l’incinérateur. La vapeur ainsi produite nous serait retournée sous forme d’énergie, nous permettant de réduire notre production annuelle de gaz à effet de serre de 10 000 tonnes de CO2 et notre consommation d’eau potable de 60 millions de litres par année. 

Ce sont des résultats potentiels extrêmement stimulants et un exemple éloquent des retombées positives que peut générer l’économie circulaire. La transformation de déchets pour alimenter un hôpital en énergie, pour moi, c’est une image très forte du lien qui unit la santé et l’environnement. Nous avons aussi des projets pour maximiser l’utilisation de nos environnements urbains et optimiser le transport actif sur notre site, notamment.

Pourquoi est-ce important pour vous?

Le CHU, c’est ni plus ni moins qu’une ville dans une ville! Avec 5 gros hôpitaux et 16 000 intervenants, nous sommes conscients de notre empreinte écologique. Nous tentons d’être des citoyens responsables en posant des gestes significatifs. Si je prends l’exemple de notre programme de recyclage, que nous bonifions chaque année, nous revalorisons plus de 23 tonnes de matières électroniques, 500 tonnes de papier, 3 tonnes de piles et 270 tonnes de carton par année. 

Notre objectif est de générer de la santé et du mieux-être : c’est dans notre mission et notre vision! Le développement durable, c’est une manière pour nous d’améliorer la santé de la population et d’y travailler en amont.

Quelle est la vision du développement durable dans votre établissement de santé?

En tant qu’organisation, nous avons la vision d’être la référence pour nos pratiques cliniques, de gestion et de recherche. Tous les gestes que nous posons, nous les posons avec cette idée centrale d’être chef de file. C’est ce que nous voulons accomplir avec le développement durable aussi.  Devenir un leader en matière de développement durable, conscientiser les gens par rapport à leur responsabilité individuelle et collective, et que ce soit une grande responsabilité partagée, voici notre vision du développement durable.

Où pensez-vous que nous en serons en tant que société dans 50 ans?

Dans 50 ans, j’espère que nous vivrons dans une société où rien ne se perd, rien ne se crée et tout se transforme. Que tout ce que nous construirons sera encore plus en harmonie avec notre environnement, ce qui permettrait aux citoyens d’être au cœur de la santé et du mieux-être. J’espère aussi que la société aura complètement éliminé l’utilisation de l’énergie fossile et que tout ce qu’on consomme ne sera pas dommageable pour la planète, ou du moins qu’on ait une stratégie pour que ce ne le soit plus.

Avez-vous un conseil pour d’autres dirigeants de centres hospitaliers affrontant les mêmes défis?

Il faut absolument avoir un porteur de ballon en mesure d’inspirer les autres. J’ai la chance d’avoir un directeur des services techniques qui a une expertise en développement durable et qui peut m’éduquer à ce sujet. Prenez le temps de bien comprendre ce que c’est et quels en sont les effets. Si on le comprend, on peut devenir passionnés et transmettre cette passion aux autres.