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/ École de santé publique

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Soutenance de thèse de Joseph Niyibizi

Virus du papillome humain : Association avec l'accouchement prématuré et déterminants de l’infection placentaire.

Mercredi 10 février de 13 h à 15 h - par vidéoconférence Zoom

CANDIDAT : Joseph Niyibizi

GRADE POSTULÉ : Ph.D.

PROGRAMME : Santé publique

OPTION : Épidémiologie

Pour y assister, inscrivez-vous ici.


 JURY

Anita Koushik, Présidente-rapporteuse

Helen Trottier, Directrice de recherche

Marie-Hélène Mayrand, Codirectrice de recherche

Hélène Carabin, Membre du jury

Nicolas Schlecht, Examinateur externe, Albert Einstein College of Medicine

Carolyn Quach-Thanh, Représentante du doyen

Virus du papillome humain : Association avec l'accouchement prématuré et déterminants de l’infection placentaire.

RÉSUMÉ :  

L’infection génitale par le Virus du Papillome Humain (VPH) est l’infection transmissible sexuellement la plus fréquente. Sa prévalence la plus élevée est retrouvée chez les femmes en âge de procréer. Bien que la littérature expérimentale s'accorde sur la plausibilité biologique du VPH sur les issues négatives de grossesse, les résultats des études observationnelles sont équivoques. Parmi ces issues négatives figure l'accouchement préterme qui reste une cause majeure de mortalité périnatale et de morbidité à vie dans le monde. La présente thèse avait alors pour but de faire la lumière sur la qualité de la littérature actuelle sur les issues négatives en lien avec le VPH en général et d'approfondir l'association entre le VPH et l'accouchement préterme en particulier.

À cette fin, trois objectifs de recherche étaient visés, à savoir: 1) évaluer systématiquement l’ampleur de l’association entre l’infection VPH et les issues négatives de grossesse dans la littérature et la qualité des évidences sur ces relations, 2) estimer l’association entre l’infection VPH pendant la grossesse et l'accouchement préterme et 3) identifier les déterminants de la transmission du VPH dans le placenta chez les femmes infectées par VPH au niveau vaginal.

Trois analyses ont été menées pour répondre à chacun des objectifs. D'abord, nous avons effectué une revue systématique et des méta-analyses pour chacune des issues négatives de grossesse suivantes: avortement spontané, rupture prématurée et/ou préterme et des membranes, accouchement préterme, faible poids de naissance, retard de croissance intra-utérine, troubles hypertensifs gestationnels et mortinaissance. Ensuite, en utilisant les données des femmes éligibles de la cohorte prospective HERITAGE (n=899), nous avons estimé l'association entre l'infection VPH (pendant la grossesse et dans le placenta) et l’accouchement préterme. Dans un modèle de régression logistique, un ajustement pour la confusion a été assuré par pondération par l'inverse de probabilité de l'infection VPH au premier trimestre en fonction des caractéristiques maternelle. Enfin, l’analyse des déterminants du VPH dans le placenta a été réalisée sur l’échantillon de la cohorte de femmes positives au VPH au premier trimestre de grossesse (n=258) en utilisant un modèle d'équations d'estimation généralisée.

La revue systématique et les méta-analyses ont montré que l'infection VPH est associée à plusieurs issues négatives de grossesse dont l'accouchement préterme. Cependant, ces résultats doivent être interprétés avec prudence, compte tenu des limites dans certaines études en raison d'erreur de mesure de l'exposition au VPH, d'une détection du VPH en dehors de la période de grossesse, et d'un contrôle insuffisant pour la confusion. Les résultats de notre étude de cohorte prospective ont montré que la persistance des VPH16/18 pendant la grossesse et la présence du VPH dans le placenta sont associées à l'accouchement préterme avec un odds ratio ajusté (aOR) de 3,72 (IC 95% 1,47-9,39) et 2,53 (IC 95% 1,06-6,03) respectivement. Cet effet est indépendant des antécédents de traitement de dysplasies cervicales. Par ailleurs, la présence du VPH dans le placenta est associée à l'origine ethnique autre que Blanc (aOR 1,78; IC 95% 1,08-2,96), aux anomalies cervicales (aOR 1,92; IC 95% 1,14-3,24), à l'infection génitale ou urinaire (aOR 2,32; IC 95% 1,15-4,68), à la coinfection VPH au 1er trimestre (aOR 2,56; IC 95% 1,72-3,83), à la persistance d'un VPH à haut risque autre que les génotypes 16/18 (2,31; IC 95% 1,20-4,45) et à la persistance des VPH-16/18 pendant la grossesse (aOR 4,55; IC 95% 2,40-8,66).

Dans l'ensemble, les résultats de cette thèse apportent de nouvelles connaissances sur l'infection VPH vaginale pendant la grossesse et dans le placenta. L'association entre l'accouchement préterme et la persistance du VPH-16/18 en cours de grossesse ou l'infection VPH dans le placenta indique qu’un certain nombre d’accouchements prétermes, jusque-là inexpliqués, pourraient être en lien avec le VPH. Cet effet direct de l'infection VPH sur l'accouchement préterme vient s'ajouter à celui, déjà montré, du traitement cervical des lésions dysplasiques. Le VPH placentaire est associé aux marqueurs d'une réponse immunitaire inadéquate contre le VPH vaginal.

Nos résultats plaident en faveur de la couverture vaccinale optimale contre le VPH dans le but d'alléger le fardeau des naissances prétermes.

Mots clés: virus du papillome humain, papillomavirus, VPH, femmes enceintes, grossesse, issue défavorable de grossesse, naissance préterme, prématurité, placenta, infection.

Location: En vidéoconférence via Zoom