L’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM) présente le compte-rendu de la journée consacrée au Symposium en santé publique autochtone, organisé par le Cercle en santé publique autochtone. Cet article, rédigé par Louis-Philipe Gauthier, conseiller aux Premiers Peuples à l’ESPUM, en collaboration avec le Cercle, partage les principaux apprentissages tirés de cet événement et met en lumière les échanges enrichissants qui ont eu lieu lors de cette rencontre.
Le 17 mars dernier, la deuxième édition du symposium s’est tenue autour de la thématique du rôle de l’art dans la santé des communautés autochtones. Quatre cercles de discussion ont permis d’approfondir divers sujets, avant un moment de réseautage festif pour clore la journée.
Pourquoi et comment entendre la voix des jeunes autochtones
Le premier cercle a été animé par Mélanie Nogues, Josée Lapalme et Héloïse Pelletier-Gagnon, ont
présenté les différents projets de recherche qu’elles ont menés au sein de communautés autochtones à travers le Canada. Les discussions ont porté sur les relations entre Autochtones et Allochtones en contexte de recherche, mettant en lumière les enjeux éthiques liés à ces interactions. Les participantes ont souligné l’importance de mener les activités de recherche dans un esprit de réciprocité, où les chercheurs et chercheuses pensent à redonner aux jeunes et aux communautés locales en reconnaissance de leur participation active à ces projets.
De la communauté au système de santé
Le deuxième cercle, intitulé « De la communauté au système de santé », a réuni Myriam Boivin-Neashit, Lucie-Catherine Ouimet, Glenda Sandy et Lucie Vicat-Blanc, toutes professionnelles au sein du système de santé. Les discussions ont porté sur les défis rencontrés par les populations autochtones dans le système de santé, en mettant particulièrement en lumière la méfiance et l’isolement ressentis en raison de son caractère encore fortement colonial. Madame Sandy a pris le temps d’aborder spécifiquement les enjeux liés à la tuberculose au Nunavik, insistant sur l’importance de sensibiliser les communautés concernant la maladie, ses risques et les mesures préventives à adopter. Un point crucial soulevé par toutes les intervenantes fut la nécessité de créer des liens de confiance solides avec les membres des communautés. Ces relations, basées sur la compréhension mutuelle et le respect, sont essentielles pour aider les individus à mieux naviguer dans le système de santé et à surmonter les barrières qui persistent.
Mieux vivre demain : les arts et une seule santé - Initiative Une seule santé
Le troisième cercle intitulé « Mieux vivre demain : les arts et une seule santé – Initiative une seule santé » a permis de plonger plus profondément dans le rôle essentiel de l'art sur la santé des individus. Nous avons pu entendre trois artistes autochtones, Meky Ottawa, Daphnée-Anne Olepika Kiguktak et Amanda Ibarra, partager leurs processus créatifs et leur vision de l'art dans leur vie. Elles étaient accompagnées du docteur Olivier Beauchet, spécialiste de l'impact de l'art sur la santé. Les échanges ont mis en évidence que la création artistique représente un moyen efficace de gérer le stress, de prendre du recul par rapport aux épreuves vécues et de renforcer l'affirmation de soi. Pour ces artistes, l'art est également un moyen puissant de véhiculer des messages et de transmettre des savoirs aux générations futures. Nous tenons également à remercier chaleureusement Meky Ottawa, qui a dévoilé à la fin de cette journée une œuvre magnifique, spécialement conçue pour le symposium, et que vous aurez bientôt l'occasion d'admirer dans les couloirs de l'ESPUM.
Bonnes pratiques pour des collaborations sensibles et réciproques
Le dernier cercle, animé par l’une des organisatrices de l’événement, Coralie Niquay, Stéphanie Bossé et l’équipe de Percolab, a offert une activité plus pratique qu’un simple échange de discussions. Intitulée « Outils de réflexions pour des collaborations sensibles et réciproques : pratique visuelle participative », cette session a permis aux participants de réfléchir aux bonnes pratiques à adopter lors de la conception d'un projet en collaboration avec des personnes autochtones. L'outil proposé a incité chacun à examiner ses propres biais, préjugés et à réfléchir à la dynamique de pouvoir entre le chercheur et sa communauté. Les retours des participants seront pris en compte pour affiner cet outil, dans un esprit de réciprocité continu. Enfin, nous souhaitons exprimer notre gratitude envers madame Carole Flamand, porteuse de savoir, dont les enseignements et le partage d’expériences personnelles ont grandement contribué à l’atmosphère chaleureuse et propice aux discussions, donnant au symposium son caractère unique.
Des remerciements particuliers sont adressés au vice-rectorat à la planification et à la communication stratégiques de l’Université de Montréal, au ministère de l’Éducation, au Centre de recherche du CHUM, à l’initiative Une seule santé, à Une seule santé urbaine, à la Chaire de recherche en santé publique (CRESP), à Percolab coop, à la Chaire de recherche autochtone en soins infirmiers au Québec (CRASIQ), ainsi qu’à l’Environnement Réseau Recherche en Santé Autochtone (ERRSA-Qc). La contribution de la fondation Nouveaux Sentiers et de Myriagone Chaire McConnell – Université de Montréal mérite également d’être soulignée.
Nous tenons à féliciter les organisateurs du Symposium : Coralie Niquay, Laila Mahmoudi, Bryn Williams-Jones, Louis-Philipe Gauthier, Jean-Sébastien Touchette, Stéphanie Bossé, Rado Malalatiana Ramasy Razafindratovo.